Il y a deux grand types de chants écossais : les puirt a beul et les waulking songs.
Tout d'abord, ces chants sont typiques des Highlands et des îles Hébrides (îles de Harris, de Lewis, de Barra...). Et ils ne sont chantés nulle part ailleurs en Europe. Ils ne sont chantés que par les femmes.
Pourtant on les trouve aussi dans la province de Nova Scotia (Cape Breton) au Canada. Mais là, ils sont aussi chantés par les hommes. Les émigrants ont emmené leurs chants au-delà de l'Atlantique.
Les waulking songs ou work songs (chants de travail) : Les chants rythmés étaient chantés pour accompagner le travail de la
laine (on battait la laine sur les tables) : c'était la méthode pour assouplir la laine ou le tissu qu'on enlevait du métier à tisser.
Ce travail est appelé "LUADH" (on prononce 'lou-ah') et les chants sont appelés "ORAIN-LUAIDH" ('or-ine-lou-i'). En général, les hommes n'avaient pas le droit d'assister au LUADH. Quelquefois, ils étaient tolérés. Travailler le tissu devait être très désagréable : il avait trempé dans de la vieille urine et de l'huile de foie de morue.
Pour ceux qui connaissent, la chanteuse Mary Jane Lamond (originaire de Cape Breton) en a récolté pas mal dans ses disques en utilisant le bruit des rouets en guise de percussions.
Exemple de waulking song : "Alasdair Mhic Cholla Ghasda", chant de
l'île de Barra (d'où est originaire Karen Matheson). Capercaillie le chante d'ailleurs dans l'album "Sidewaulk".
Il y a aussi "Fàill Ìll Ò Ro" de Mary-Jane Lamond.
On peut les reconnaître (ainsi que les milling songs, ceux qu'on chantait en moulant, moudrant ? le blé) grâce aux petits refrains qui ne veulent rien dire.
Je m'explique. Chaque couplet est chanté par une seule chanteuse. Et toutes les chanteuses qui s'occupent des métiers à tisser reprennent un petit refrain. Quand je dis que ça ne veut rien dire, c'est comme tralala et youpala en français.
Exemple de petits refrains :
Fàill ill ò ro, fàill ill ò ro
Fàill ill ò ro éile
Hi rithill iùl agus ò
'Sna thog ì ò ro éile
Ou encore :
E o hi urabho o hi u
E o hao ri ri
E o hao ri sna bho hu o
E o hi urabho o hi u
Les waulking songs sont le plus souvent des chants très tristes : un père qui veut marier sa fille contre son gré, un jeune homme en exil loin de sa bien-aimée...
Les puirt-a beul (on prononce piourtch a bièle) ou mouth music : On connaît aussi les puirt-a-beul sous le nom de "mouth-music". Les paroles étaient au départ écrites pour qu'on puisse danser sur ces chants.
Donc, en fait, les paroles étaient de second ordre (sens des paroles). Il n' y a pas de musique (traditionnellement). C'est le rythme de la chanson qui est le plus important. Elles font office de percussions, en quelque sorte.
Les paroles des puirt (au singulier "port") n'ont le plus souvent aucun sens.
A la fin des chants, le fiddle a la part belle.
L'origine des puirt-a-beul est obscure. On pense qu'ils sont nés vers les révoltes de 1745. On a interdit l'utilisation des cornemuses. Et l'Eglise était contre jusqu'au milieu du 19ème siècle. donc, on "créait" les instruments avec sa bouche (d'où MOUTH MUSIC = musique de bouche).
Exemples de puirt-a-beul : "Fosgail an dorus/Nighean Bhuidh'Ruadh" (une histoire de tailleur qui joue du fiddle), "Cha teid Fionnlagh a dh'Eige (Finlay's)" ou encore "Pige Ruadh" (une histoire de whisky et de boudin) chantés par Capercaillie.
Sans oublier "A cur nan gobhar as a'chreig" (une histoire de kilts et de bergers qui veut empêcher ses chèvres d'aller dans les rochers), ou encore "Ruilleadh cailleach" (chanté par Tannas), ou encore "Tha'm muillin dubh" (chanté par Mary-Jane Lamond ou le petit groupe Brolum).
On trouve aussi les milling songs, les stepping songs, les bothy ballads...
Mais moi, les puirt a beul et les waulking songs, je les adoooore !
Des femmes travaillant et assouplissant la laine (cf Waulking songs)